Najat Vallaud Belkacem a présenté ce 11 mars, en Conseil des ministres la réforme des collèges qui devrait être opérationnelle dès 2016; elle concerne simultanément les programmes, les pratiques d’enseignement et l’organisation pédagogique.
La ministre est parti d’un constat simple : en 10 ans, les collégiens ont régressé en mathématiques, en français et en histoire. Le lien avec la diminution des moyens qui lui étaient consacrés est évident mais pas suffisant.
Sans mettre en cause la compétence et l’engagement des enseignants, force est de reconnaître lucidement que le collège cristallise les défauts de notre système éducatif.
La ministre déclarait ce matin : «Il est profondément inégalitaire, triant les élèves davantage qu’il ne les accompagne dans la réussite. Il est monolithique dans son approche disciplinaire, suscitant parfois l’ennui, voire la perte du goût pour le travail et l’effort. Il est inadapté au développement des compétences indispensables à la future insertion des collégiens et peu efficace sur l’orientation et la lutte contre le décrochage».
Source : OCDE/PISA
Cette réforme va donc s’engager à rendre concrète la promesse républicaine d’égalité à l’école, par le collège unique créé il y a 40 ans.
Renforcer l’acquisition des savoirs fondamentaux en combinant les apprentissages théoriques et pratiques.
Pour que les élèves s’approprient mieux les connaissances, ils bénéficieront d’enseignements pratiques, interdisciplinaires. De cette manière, les élèves comprendront le sens de leurs apprentissages en les croisant, en les contextualisant et en les utilisant pour réaliser des projets collectifs concrets.
Tenir compte des spécificités de chaque élèves pour permettre la réussite de tous.
En effet, des temps d’accompagnements personnalisés (par âge et par besoin) vont être aménagés pour consolider ou approfondir leurs apprentissages.
Un exemple? Dès la 6ème tous les élèves auront 3 heures d’accompagnement personnalisé afin que la transition école-collège se fasse dans les meilleures conditions.
Les élèves y acquerront des méthodes : prendre des notes, apprendre une leçon, faire des révisions, comprendre et rédiger un texte écrit, faire une recherche documentaire…car apprendre, ça s’apprend!
Également, des temps d’apprentissage en petits groupes vont être créés pour aider les enseignants à interagir davantage avec les élèves et leur apporter les réponses à leurs besoins.Dans ces petits groupes, les élèves seront davantage sollicités, questionnés, mis en activité.
Comment? Les collèges bénéficieront de nouveaux moyens d’enseignement pour faciliter ces démarches: 4 000 ETP (équivalents temps pleins) accompagnent ainsi la réforme du collège.
Au total, les enseignements pratiques, l’accompagnement personnalisé et les petits groupes représenteront 20% du temps des enseignants.
Donner aux élèves des outils pour se projeter dans le futur
L’apprentissage des langues tient une place fondamentale dans la construction de la citoyenneté. Il favorise l’insertion professionnelle des jeunes en France et à l’étranger, tout autant que le travail en groupe. Cette réforme a à coeur de permettre aux élèves de se projeter dans leur futur.
Cela passe par :
– La maitrise de deux langues vivantes en débutant la LV1 dès le CP et la LV2 dès la 5e
– L’aptitude à travailler en équipe, s’exprimer à l’oral, conduire un projet.
– Acquérir des compétences numériques en terme de sécurité, de fiabilité, mais aussi civilité et de respect vis-à-vis d’autrui.
Ces compétences, qui sont indispensables pour la poursuite des études, la vie en société et l’insertion sociale et professionnelle, sont aujourd’hui insuffisamment travaillées au collège.
Par exemple à Singapour, où le travail en groupe a été institué à l’école, les élèves pensent qu’il est utile de partager les idées et apprennent plus vite en travaillant à plusieurs.
Ces mêmes élèves ont tendance à se sentir mieux à l’école et à avoir une plus grande confiance dans leurs enseignants.
Enfin, leur capacité à coopérer, l’ouverture dont ils font preuve face à de nouvelles expériences, favorisent leur insertion sociale et professionnelle.
L’objectif est donc clair : renforcer l’apprentissage des enseignements fondamentaux, prendre en compte les spécificités et les besoins de chacun pour accompagner l’élève dans sa construction et sa relation au monde.