Environ 300 personnes se sont réunies hier à 18 heures sur la place de la Libération à Auch pour dire non à l’antisémitisme. Ce rassemblement unitaire, initié par la fédération du Gers du Parti socialiste, a regroupé divers représentants de partis politiques qui avaient appelé à manifester.
Pierre Novak, ancien président de la Ligue des Droits de l’homme du Gers a lu un manifeste dénonçant la hausse des actes antisémites en France, et leur banalisation :
« Un restaurant parisien tagué de l’inscription « Juden » – « juifs en allemand» – comme aux heures sombres du nazisme. Le portrait de Simone Veil, rescapée des camps de la mort, recouvert d’une croix gammée. La sépulture profanée d’Ilan Halimi, torturé et assassiné parce que juif. Et aujourd’hui, ce sont 80 sépultures d’un cimetière israélite alsacien qui ont été découvertes profanées, marquées de croix gammées. Autant d’actes qu’ici personne ne peut accepter – et tant d’autres qui n’ont pas connu la même publicité…
Les chiffres, tout le monde les connaît. En 2018, le nombre d’actes antisémites a connu une augmentation de 74 %. Cette banalisation des actes antisémites précède toujours des basculements de plus grande ampleur. La montée de l’extrême-droite comme la montée de toutes les idéologies d’exclusion en Europe et dans le monde est à cet égard particulièrement préoccupante.
L’antisémitisme, ce n’est pas l’affaire des Juifs, c’est l’affaire de toute la Nation ! Il y a trente ans, nous manifestions dans les rues de France par centaines de milliers. Aujourd’hui, l’émotion ne se manifeste qu’au travers de quelques tweets…
Ni l’indignation morale, ni de nouvelles lois coercitives, aussi utiles soient-elles, ne permettront d’éradiquer durablement ce fléau de l’antisémitisme. Seule une mobilisation citoyenne massive et une pédagogie permanente à l’école comme dans l’espace public permettront de gagner cette bataille culturelle pour éviter de retomber dans les travers de l’histoire.
Dans une période de crise économique et sociale, de crise des valeurs républicaines aussi, la haine de l’Autre prospère. Elle génère tous les rejets et la recherche de boucs-émissaires. Les fausses nouvelles et les vraies ignominies diffusées sur les réseaux sociaux ne font qu’amplifier ce phénomène.
Dans ce moment décisif, il faut être intransigeant car la violence des mots précède toujours les violences physiques.
Le rejet de l’antisémitisme, comme le rejet de la xénophobie, est une des pierres angulaires de notre démocratie.
Nous portons dans le débat public des orientations différentes, mais nous avons en commun la République et ses valeurs. Et jamais nous n’accepterons la banalisation de la haine.
C’est pourquoi nous appelons l’ensemble des Françaises et des Français à se mobiliser pour dire ensemble :
Non à l’antisémitisme,
Non au racisme,
Non à la xénophobie,
Oui à la fraternité, à la laïcité, à la tolérance ! »