Il y a cent ans, naissait François Mitterrand à Jarnac, dans la nuit du 25 au 26 octobre 1916, au cœur de cette Charente qu’il aimait tant. Enfant en ce début du XXème siècle, il en deviendra un acteur politique majeur dans sa seconde partie. Son histoire personnelle se confond avec celle de la France, mais aussi avec celle du Parti socialiste.
Un temps donné pour mort politiquement, ressuscité, battu, élu, réélu, conspué, porté aux nues… Celui qui affiche encore aujourd’hui la plus grande longévité à l’Elysée ne laisse aucun Français indifférent et demeure une source d’inspiration.
Comme le souligne Hubert Védrine qui fut un de ses proches conseillers et secrétaire général de l’Elysée, à ses côtés « François Mitterrand c’est l’homme qui a déjoué la malédiction de la gauche qui n’arrivait pas à accéder au pouvoir. Pour les gens de gauche, il représente la nostalgie de l’époque des conquêtes électorales, l’homme qui a fait passer la gauche de 35% à l’égal de la droite sur l’échiquier politique ».
Redonner espoir et redonner le pouvoir. La droite lui en veut pour cela et se plait à le réduire au pouvoir froid, qu’il exerçait parfois, mais il était bien plus que cela. Chacun à gauche a son François Mitterrand mais tout le monde à gauche lui est redevable de nous avoir offert cette décennie majeure, d’Épinay en 1971 à la Bastille reprise un soir de 1981. Aux responsabilités, il marqua de son empreinte notre pays, faisant avancer les libertés, la justice et les droits sociaux, ce que la droite d’aujourd’hui rêve d’ailleurs de défaire.
L’héritage de François Mitterrand peut être fort utile, sa volonté de résister aux puissants, sa manière d’incarner le pouvoir pour prendre le réel par le col, pour façonner la vie dans le sens de nos valeurs, tout cela peut et doit nous inspirer. Et puis, il y a l’appel constant au talisman de l’unité, son ultime testament. François Mitterrand savait comment rassembler la gauche d’abord, puis les Français. De cela, nous ne devons pas nous défaire un seul instant. Au moment où la droite s’extrémise et finit de tourner la page du gaullisme, au moment où les forces de gauche sortent du cycle d’Épinay pour entrer définitivement dans le tripartisme, plus que jamais, notre parti doit solliciter les forces de l’esprit d’unité.
Mitterrand aurait eu 100 ans cette année. Depuis sa disparition, pas une année il ne nous a quitté. S’il fallait résumer sa vie en une seule phrase, ce serait celle tirée de cette fameuse conférence de presse tenue un jour de septembre 1991 : « Il ne faut pas avoir peur de ce que l’on est, il ne faut pas craindre son histoire, il faut avoir confiance dans son avenir. Cela représente une telle somme de sacrifices et d’idéal, pourquoi laisser cela au bord de la route ? ».