Le week-end dernier, les porte-parole locaux du Gouvernement – le député LREM de la 1ère circonscription du Gers et le délégué départemental du parti présidentiel – ont usé et abusé des fameux « éléments de langage », ces argumentaires préparés dans les ministères parisiens, pour calmer la colère légitime de nos concitoyens après la hausse vertigineuse des prix du carburant.
M. Jean-René Cazeneuve croit-il vraiment ce qu’il dit lorsqu’il affirme, dans « La Dépêche » du dimanche 4 novembre, que le Gouvernement n’est pour rien dans l’augmentation du prix du carburant ? Croit-il vraiment que les citoyens et les salariés vont avaler cette pilule amère en se contentant, pour la faire passer, du petit sucre d’une fausse augmentation de leur pouvoir d’achat ? Il faut oser se glorifier d’augmenter d’une main le pouvoir d’achat en baissant des charges, tout en reprenant instantanément de l’autre main le bien maigre bénéfice ainsi obtenu !
Oui, le Gouvernement est bien responsable pour au moins un tiers de l’augmentation du prix du carburant. Oui, il le fait en toute connaissance de cause, sous couvert de sa politique environnementale, en tenant le raisonnement simpliste qu’une fois le carburant trop cher, les automobilistes vont se jeter sur les véhicules électriques.
Les porte-parole locaux du Gouvernement pensent-t-ils réellement que dans un département rural comme le Gers, où le revenu médian est de moins de 20000 euros par an, les automobilistes, parce qu’on leur donne une prime et qu’on a augmenté le prix du carburant, vont se jeter en masse sur des voitures électriques qui coûtent largement plus de 30000 euros pièce pour le moindre modèle familial ?
L’Etat a-t-il prévu de lancer dans les zones rurales un grand plan d’investissement dans des infrastructures de transport collectif ou liées à la voiture électrique ? A-t-il prévu de renforcer la présence de services publics de proximité pour limiter les déplacements dans des départements comme le nôtre ?
Obsédé par la baisse des dépenses publiques, le Gouvernement, soyez-en sûrs, ne fera aucun effort d’investissement dans les infrastructures qui seraient nécessaires au développement d’une vraie politique environnementale dans les zones rurales.
En revanche, ce qui va se produire de manière certaine, encore et toujours à cause d’une politique tournée vers les plus riches, c’est un cruel accroissement des inégalités entre les territoires et une baisse du pouvoir d’achat pour tous.
Etrangler financièrement les Gersois en augmentant le prix de l’essence sans leur offrir de réelle alternative à la voiture n’aura d’autre effet que d’augmenter leurs difficultés quotidiennes, sans le moindre impact pour l’environnement.
Le député LREM de la 1ère circonscription se dit fier de son « courage politique » et prêt à affronter l’impopularité des mesures qu’il défend. Son « courage » s’apparente plus une forme d’aveuglement quand il se traduit par un déni de la réalité vécue par nos concitoyens. Les beaux raisonnements de la pensée complexe élaborés à Paris ont un défaut majeur : ils ignorent les réalités du terrain. Et c’est bien ce qui va coûter le plus cher aux Gersois et aux Français.